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dimanche 17 janvier 2016

La dernière colère de Pierre Boulez

Monsieur Pierre Boulez nous a quitté le 6 janvier dernier. Hommages et témoignages n’ont  cessé d’affluer, dans la presse écrite (avec une série d’articles de Renaut Machart dans le Monde, la une de Libé) mais aussi sur ma radio préférée, France Musique, où des musiciens comme Pierre-Laurent Aimard ou Pascal Dusapin ont trouvé des mots justes et d’une émouvante simplicité pour évoquer sa mémoire.  (à réécouter dans le « Classic Club » de Lionel Esparza du 7 janvier). Il n’y a guère que le Gorafi qui n’a pas encore rendu hommage à sa façon au musicien français le plus célèbre dans le monde après David Guetta.

C’est en 1945 qu’Olivier Messiaen accueille dans sa classe d’Analyse au Conservatoire un jeune homme de vingt ans particulièrement brillant, dont il ne tarde pas à remarquer le tempérament bouillant et irascible. C’est une colère terrible qui anime Pierre Boulez, colère qu’on peut déjà sentir dans sa Première Sonate pour piano, et qui ne s’est jamais calmée depuis.  On sent encore très nettement une forme de rage froide dans la pièce Sur Incises de 1998. Avec quelques autres (Cage, Stockhausen, Ligeti, Berio, Xenakis) ils vont péter la baraque. Du haut de leur vingt ans, ils vont ringardiser ceux qu’on considérait comme avant-gardistes dans les années 1930 : Messiaen, Hindemith, Bartók, Stravinsky, Janacek, Chostakovitch, et même Schönberg.

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mardi 22 septembre 2015

Création partielle du Quintette pour flûte, harpe et trio à cordes à Cologne

Tellement occupé par ailleurs, j’ai omis d’annoncer la création le 12 septembre 2015 de mon Quintette pour flûte, harpe, violon, alto et violoncelle. Une pièce qui m’a été commandée suite au succès d’une autre pièce pour 13 altos qui fut créée à la Philharmonie de Cologne dans le cadre de sa saison de musique de chambre. J’ai choisi pour titre « Leben und Lieben eines Schmetterlings » et nos chères lectrices qui parlent parfaitement l’allemand n’ont pas besoin de dictionnaire pour savoir que cela se traduit par « Vies et Amours d’un Papillon ». Seuls deux mouvements étaient terminés pour ce concert, alors que je voulais en écrire cinq (mais je le ferai certainement) :

  • « Nachtstück » (Noctune)
  • « Erstflug » (Envol).

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jeudi 18 juin 2015

Le dernier évangile de Thierry Escaich à Notre-Dame de Paris le 30 juin

La maîtrise de Notre-Dame de Paris, dirigée par Henri Chalet, avec Thierry Escaich et Yves Castagnets aux orgues, présentent le 30 juin prochain un programme de musique française avec Duruflé, Alian et Escaich. Il ne s'agit pas d'une création mais d'une reprise car le Dernier Évangile fut créé en 1999. On ne saurait trop recommander ce concert à nos lectrices, lesquelles n'ignorent pas qu'Escaich est un excellent organiste mais aussi un immense compositeur.

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lundi 15 juin 2015

Le Roi Arthus au Paradis ?

Je cherche non seulement à rendre mes personnages plus vivants, à les faire mieux parler et plus clairement, tout en les maintenant dans cette vérité spéciale de la vérité artistique, qui n'a aucun rapport avec la vérité naturaliste (Ernest Chausson, lettre à Paul Poujaud, juin 1889)

L'histoire du Roi Arthus d'Ernest Chausson est emblématique des difficultés que peut rencontrer un compositeur, si doué et travailleur soit-il, pour trouver la reconnaissance qu'il mérite. Après avoir consacré dix ans de sa vie à écrire son unique opéra, et puis quatre ans à essayer de le fourguer sans succès à tous les chefs d'orchestre et tous les directeurs d'opéra d'Europe, Chausson est mort en 1899 sans avoir pu assister à la création du Roi Arthus. Notons au passage que son éditeur, Choudens, loin de l'aider, lui a mis des bâtons dans les roues en s'opposant à la création à Madrid ou à Prague sans réussir pour autant à obtenir une création parisienne. Après le décès de Chausson c'est Vincent d'Indy qui réussit à persuader les nouveaux directeurs de la monnaie de Bruxelles de créer Le Roi Arthus, en 1903. Et ce n'est que cent vingt ans après sa complétion qu'il entre enfin au répertoire de l'Opéra de Paris ! 

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mercredi 10 juin 2015

Tour à Tour de Philippe Hurel à la maison de la Radio

Entendu le 5 juin dernier dans le très bel auditorium de la Maison de la Radio à Paris, Tour à Tour de Philippe Hurel, ambitieuse partition symphonique de 60 minutes présentée dans le cadre du festival Manifeste de l'IRCAM.

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jeudi 28 mai 2015

Les petites graines

Les partitions qu'on produit sont comme des graines qui peuvent attendre des années avant de germer. Et aussi voyager dans le monde entier... Un exemple avec la Sonate de César Franck.

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lundi 25 mai 2015

Autour du piano, Concert-hommage à Olivier Greif

Le 21 mai 2015 à Paris, le Conservatoire de la rue de Madrid où il a été étudiant (devenu entretemps CRR de Paris) accueillait un très beau concert-hommage à Olivier Greif, intitulé Autour du piano. Ce compositeur disparu en 2000 était également un excellent pianiste, et bien que terriblement exigeante, son écriture pour piano dénote une connaissance intime de l'instrument. Je crois me souvenir d'une interview où il déclarait avec humour que le pianiste en lui devait maudire le compositeur qui lui donnait tant de fil à retordre !

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vendredi 22 mai 2015

Le Roi Arthus de Chausson bientôt à l'Opéra de Paris

Plus de cent ans après sa création à Bruxelles, l'unique opéra d'Ernest Chausson fait enfin son entrée à l'opéra de Paris. Il était temps ! Les Parisiens pourront enfin découvrir ce Tristan à la française, qui narre les amours contrariées (et adultérines) de Lancelot et Guenièvre. Je vous en dirai plus dans un prochain billet, car j'aurais le plaisir d'assister à cet évènement. En attendant je vous invite à écouter cette interview de Roberto Alagna sur le site de l'Opéra de Paris qui nous dit que l'orchestre est un personnage à part entière, et que la voix n'est qu'une des composantes d'une riche texture.

Bien qu'il s'en défende, l'écriture de Chausson reste assez proche de Wagner, au moins sur le plan technique. La polyphonie (chaque voix se veut une ligne mélodique), le chromatisme avec des modulations incroyables et des changements de couleur magnifiques, le romantisme exacerbé, le développement d'un petit nombre de motifs simples, tout cela est assez wagnérien. Mais la musique de Chausson possède aussi par instants une grâce, une élégance, une légèreté fort peu germaniques, et elle semble annoncer l'impressionnisme.

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samedi 4 avril 2015

L'Oiseleur chante l'éducation sentimentale le 8 avril 2015 à Paris

La Compagnie de L'Oiseleur continue sa noble mission de nous charmer les oreilles avec des programmes de chant lyriques originaux et savamment composés, où les classiques dialoguent avec les oeuvres rares et la création. 

Elle vous propose mecredi 8 avril prochain au temple du Luxembourg une éducation sentimentale, avec comme professeurs messieurs Mozart, Mahler, Poulenc, Chopin, Schumann, Grieg, Messager. Dans le rôle du jeune padawan, Gabriel Rigaux présentrera ses mélodies sur les Contemplations de Victor Hugo pour la toute première fois au public.

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jeudi 26 mars 2015

Joyeux Boulez-iversaire !

Pierre Boulez partage avec Mozart ce privilège que même ceux qui n'ont pas vraiment écouté sa musique et ne sauraient pas la reconnaître peuvent citer son nom lors d'un dîner en ville. Le plus souvent d'ailleurs, son nom sera utilisé comme repoussoir, comme symbole de tout ce qu'on aime pas dans la musique moderne: dissonante, élitiste, arrogante, coupée du public mais pas des subventions publiques. Comme pour encourager cette vision caricaturale, Boulez ne s'est pas privé tout au long de sa carrière de critiquer très durement tout ce qui ne cadrait pas avec son esthétique. Et si ça ne suffisait pas, l'expo à la Philharmonie, les concerts et hommages institutionnels à l'occasion de son 90e anniversaire ne manqueront pas de conforter cette image du musicien d'avant-garde officiel, couvert d'honneurs à défaut d'être aimé d'une large partie du public ou des musiciens.

Pourtant, la musique de celui qui a fondé l'Ensemble Inter-contemorain et l'IRCAM ne mérite-elle qu'on aille au-delà de ces clichés ?

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jeudi 19 mars 2015

La mairie de Paris refuse de rendre hommage à Dutilleux

A lire ici (sur le blog l'indépendant du 4e), ici, et puis encore ici, sur le site de Diapason magazine (ou encore dans Le Monde). En résumé, le maire du IVe arrondissement a refusé d'apposer une plaque commémorative sur l'immeuble de l'île Saint Louis qui fut occupé par Henri Dutilleux, au nom d'une sorte de ridicule procès posthume en collaboration. Comparer Dutilleux avec l'écrivain Céline n'est pas judicieux ni justifié par les faits historiques.

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mercredi 18 mars 2015

Un Faust diablement bourgeois

Avec un peu de retard, je publie un compte-rendu de la première de Faust à l'opéra Bastille le 2 mars dernier. Ayant eu le plaisir de participer à une production de cet opéra en 2002 (dans la fosse d'orchestre, à l'alto) c'est une partition que je connais assez bien et que je retrouvais avec grand plaisir (et avec l'ami Nicolas qui a l'époque tenait la position de violon solo à l'orchestre Ut Cinquième).

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vendredi 13 mars 2015

Mélodies de Gabriel Rigaux chez Tamino Productions

Tamino Productions a le grand plaisir d'accueille un nouveau compositeur, Gabriel Rigaux. Celui-ci est également pianiste et a étudié notamment avec Guillaume Conesson. Les parisiennes parmi nos lectrices pourront découvrir ses mélodies pour baryton et piano sur des textes de Victor Hugo lors d'un concert donné le 8 avril prochain au Temple du Luxembourg avec l'excellent L'Oiseleur des Longchamps.

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vendredi 16 janvier 2015

Le silence de la mer (Tomasi-Vercors)

Si je n'ai pas réagi dans ce Journal aux attentats du 7 janvier, ce n'est pas par indifférence ou paresse. C'est d'abord pour observer un silence respectueux devant les familles des victimes: le déferlement de paroles dans les media alors que les coprs étaient encore chauds m'a mis fort mal à l'aise et poussé à chercher le recueillement et la solitude plus que la foule et le bruit (bien que j'aie participé à la manif avec mes proches). 

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mercredi 3 décembre 2014

Les mille et une mises en musique de Théophile Gautier

Ouï vendredi dernier dans le théâtre de l'Île Saint Louis à Paris, un programme de mélodie tout à fait original. C'est le pianiste François Henry qui s'est mis en tête de collectionner les mélodies écrites sur des textes de Théophile Gautier. L'auteur des célèbres Nuits d'été de Berlioz (que l'auteur du journal de Papageno connaît fort bien, et pour cause) a beaucoup inspiré les compositeurs, pas seulement Français d'ailleurs. François Henry a recensé plus de mille mélodies, et ce concert était consacré à une sélection de celles écrites après 1945, avec Alice Fagard (mezzo), Marie Soubestre (soprano), L'Oiseleur des Longchamps (baryton), François Henry (piano) et Clothilde Bernard (guitare).

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vendredi 10 octobre 2014

Hokusai et Debussy

affichehokusai.jpgEn marge de l'exposition Hokusai au Grand palais, la Maison de la Culture du Japon propose deux récitals Debussy et Hokusai, jeudi 16 octobre et samedi 18 octobre. La MCJP est malheureusement avare de détails quand au programme de ces soirées, dont on comprend seulement qu'il comprendra des oeuvres pour piano interprétées par Heyoung Park, Madoka Fukami, Michel Béroff, Marie-Josèphe Jude, Kana Okada, CreaSion (sha­ku­ha­chi), Georges Pludermacher et commentées par Théophile de Wallensbourg, lequel est présenté comme rien moins que com­po­si­teur, pein­tre, essayiste et poète.

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dimanche 13 juillet 2014

L'opéra équestre de L'Oiseleur des Longchamps

Vu le 22 juin dernier au Haras de Bory dans les Yvelines, l'avant-première du nouveau spectacle de L'Oiseleur des Longchamps. On connaît les talents nombreux de L'Oiseleur des Longchamps: baryton, photographe, metteur en scène, mais ce sont également ses talents d'organisateur qu'il a mis en jeu pour ce pari artistique ambitieux.
Au départ de cette entreprise, le projet un peu fou de rapprocher son amour du cheval et celui du chant lyrique: cela a donné un disque (auquel j'ai eu le bonheur de participer modestement), et maintenant un spectacle étonnant, une sorte d'opéra équestre tout à fait unique en son genre, et qui pourra ravir autant les mélomanes que les amoureux du cheval.

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samedi 11 janvier 2014

Les éblouissements d'Anna

A lire sur le blog de L'Oiseau-Lyre, un beau compte-rendu du Récital "Les Éblouissements d'Anna" du 8 décembre dernier à l'Institut Culturel Roumain.

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dimanche 23 juin 2013

Mélodies inédites d'Armande de Polignac

La fête de la musique était quelque peu en avance ce 18 juin dernier pour la centaine de chanceux qui ont pu assister à ce récital de mélodies rares voire introuvables d'Armande de Polignac. Cela se passait au siège de l'association France-Amérique, un lieu somptueux à deux pas des Champs Elysées. La soprano Sabine Revault d'Allonnes, le baryton L'Oiseleur des Longchamps et le ténor Sébastien Romignon Ercolini, accompagnés au piano par Stéphanie Humeau, se sont relayés pour nous faire entendre ces mélodies parmi lesquelles on trouve de véritables trésors, de petits bijoux. Tant par le raffinement de l'écriture que par la sensibilité et l'engagement des interprètes, nous avons entendu ce que la mélodie française peut produire de meilleur.

Par la concision (il n'y a pas une note en trop) et le raffinement harmonique, les mélodies d'Armande de Polignac se rapprochent de Ravel. Elles auraient tout à fait leur place au concert parmi celles de Fauré, Duparc, Chausson, Hahn tant les qualités de l'écriture sont évidentes. Pour donner une idée de l'oubli dans lequel elles sont tombés, L'Oiseleur des Longchamps m'a raconté qu'il a du en chercher certaines à la bibliothéque de France car elles ne sont plus éditées depuis longtemps. Mais le parcours du combattant ne s'arrêtait pas là car il y avait des éditeurs qui s'ils ne possédaient même pas une photocopie des partitions originales, en détenaient les droits (sans doute par le jeu des rachats de catalogues entiers lorsqu'uu éditeur met la clé sous la porte). Il fallut donc les retrouver et demander des autorisations... Ce concept d'éditeur qui détient les droits sans faire le travail correspondant (rendre la partition disponible) me laisse un peu rêveur. Ce n'est qu'une illustration caricaturale du fait que donner des des droits monopolistiques garantis par l'état à un éditeur jusqu'à 70 ans après le décès du compositeur est tout sauf compatible avec l'intérêt général, et ne va certainement pas dans le sens de la défense de l'art vivant et de la création.

Fermons cette parenthèse et revenons à la musique: ce programme passionnant et inédit sera bientôt enregistré en disque, disponible d'ici à la fin de l'année. Ce qui permettra de rendre justice à cette compositrice méconnue. A ceux qui se demanderait pourquoi si peu de gens se sont intéressés à cette musique si elle est vraiment excellente, j'ai envie de répondre que les histoires de la musique sont tout sauf équitables, et qu'on entend très régulièrement dans les concerts classiques des navets sans grand intérêt alors que de véritables trésors dorment dans les bibliothèques. Dans ce domaine comme dans d'autres le conformisme fait des ravages, et la curiosité reste le meilleur atout du musicien comme du mélomane.

dimanche 24 mars 2013

En chantante Lune

J'ai le plaisir de vous inviter à un concert de mélodies dans toutes les langues le 10 avril prochain à Paris, concert qui vous permettra notamment d'entendre une de mes toutes dernières productions, le Lunatique sur un texte de Yourcenar commandée par l'occasion par L'Oiseleur des Longchamps.

en_chantante_lune_affiche.jpg

Concert de mélodies, airs, chansons, songs, Lieder, canzone, canciones ... sur le thème de la lune

Evelyn Vergara, soprano
Emilien Marion, ténor
L'oiseleur, baryton
Christophe Maynard, pianiste


oeuvres de : Anonyme, Bellini, Bernier, Boëlmann, Brahms, Chaminade, Chausson, Chrétien, Collin, Curschmann, Davico, Debussy, Dvorak, Fauré, Ferroud, Franz, Garat, Gaubert, Ginastera, Gounod, Greif, Grétry, Hahn, Holmès, Jadin, Kinkel, Kirschner, Krüger, Labori, Lacroix, de La Presle, Le Flem, Leroux, Loiseleur, Maas, Marinier, Mascagni, Massenet, Mecano, Mendelssohn, Picheran, Puget, Reichhardt, Respighi, Rodrigo, Rubinstein, Saguer, Saint-Saens, Schubert, Schumann, Scotto, Spohr, Strauss, Tricot, Vidal, Wakerfield, von Weber, Woodworth

sur des poèmes de : Bessière, de Bussy, Cipollini, Davidoff, Despax, Dorchain, Eichendorff, Even, Fiorentino, Fortolis, Guinand, Heine, Holmès, Hölty, Greif, Kugler, de La Ville de Mirmont, Lenau, Madeleine, Mendès, Mosen, Ossian, Osterwald, Samain, de Ségur, Shimasaki, Simrock, Vanor, Verlaine, Villancico, Villemer, Woddworth, Yourcenar

entrée : libre participation

adresse: Using Spring Court 5 passage Pivert Paris 11e
métros : Goncourt ou Belleville

illustration : Arthur John Black

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